La cigarette électronique est-elle un danger pour la santé ?
Vous songez à passer à la cigarette électronique, mais une question reste en suspens : est-elle réellement moins nocive que le tabac ? Tentons d’y voir plus clair, sans dramatiser ni minimiser, en nous appuyant sur les données scientifiques disponibles à ce jour.
Petit rappel sur les risques du tabac
- Le tabac est la première cause de mortalité évitable en France, avec près de 75 000 décès chaque année.
- Un fumeur sur deux meurt prématurément des suites de sa consommation.
- Les substances les plus toxiques proviennent de la combustion : goudrons, monoxyde de carbone, particules fines, métaux lourds.
- La fumée de tabac contient plus de 5 000 substances chimiques, dont 70 à 100 sont classées cancérogènes par les autorités sanitaires.
- Ces composés sont impliqués dans de nombreuses pathologies : cancers, maladies cardiovasculaires, AVC, anévrismes, bronchopneumopathies chroniques, etc.
Et la cigarette électronique dans tout ça ?
Contrairement au tabac, la cigarette électronique fonctionne sans combustion. Elle produit une vapeur en chauffant un liquide composé généralement de propylène glycol, de glycérine végétale, d’arômes, et éventuellement de nicotine.
La nicotine est une substance addictive mais non cancérigène. Elle est utilisée dans les substituts nicotiniques depuis longtemps. Elle joue un rôle dans le maintien du plaisir chez l’ancien fumeur, en reproduisant le fameux "hit". À fortes doses, elle reste toxique, d’où l’importance de conserver les flacons hors de portée des enfants et des animaux. En pratique, un empoisonnement reste très improbable : il faudrait ingérer plusieurs flacons dosés à 20 mg/ml pour atteindre une dose létale.
Ce que disent les études
La première étude complète sur les effets de la cigarette électronique sur la santé a été publiée en janvier 2008, en Nouvelle-Zélande, sous la direction du Dr Murray Laugesen. Elle concluait que la e-cigarette représentait une véritable opportunité de réduction des risques face aux méfaits du tabagisme traditionnel.
En 2011, la Boston University School of Public Health (BUSPH) a confirmé ces résultats : selon leurs travaux, la e-cigarette serait jusqu’à 1000 fois moins nocive que la cigarette classique. Cette étude, publiée dans le Journal of Public Health Policy, concluait que "peu, sinon aucun, des produits chimiques présents dans les e-cigarettes à des niveaux détectés ne posent de problème de santé grave".
Plus récemment, les avis de Santé publique France, de Cochrane (méta-analyses indépendantes) et de l’Office français de prévention du tabagisme vont dans le même sens : la cigarette électronique est l’un des moyens les plus efficaces pour arrêter de fumer, tout en réduisant fortement l’exposition aux substances toxiques.
Il est vrai que certaines études ont détecté des traces de substances potentiellement nocives dans la vapeur. Mais ces résultats proviennent, pour la plupart, de tests extrêmes — notamment en cas de dry hit (chauffe sans liquide) — qui ne reflètent pas les conditions réelles d’usage. Dans un cadre normal, les niveaux observés sont très très largement inférieurs à ceux de la fumée de tabac, et comparables à ceux des substituts nicotiniques classiques (patchs, chewing-gums...).
Précautions à prendre
La cigarette électronique reste un outil destiné aux fumeurs adultes. Dans certains cas, son usage est déconseillé, notamment :
- Aux personnes non-fumeuses ou n’ayant jamais été dépendantes à la nicotine
- Aux personnes allergiques à la nicotine ou aux produits inhalés
- Aux femmes enceintes ou allaitantes (sauf sur avis médical)
- Aux personnes souffrant de pathologies cardiovasculaires graves ou d’hypertension
- Aux personnes atteintes de troubles respiratoires sévères
- Aux personnes diabétiques, selon le type de traitement suivi
En cas de doute, l’avis de votre médecin traitant est indispensable.
Ce qu’il faut retenir
- La cigarette électronique n’est pas sans risque, mais elle est très peu nocive
(de l’ordre de 1 à 1000 selon les études par rapport au tabac). - Elle peut jouer un rôle majeur dans une stratégie de sevrage, avec un accompagnement adapté.
- Elle ne doit pas être utilisée par des personnes qui ne fument pas.
Comme l’a justement résumé le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue et ancien président de l’OFT :
« Fumer, c’est comme prendre l’autoroute à contresens. Vapoter, c’est rouler à 140 km/h au lieu de 130. »
Un compromis certes imparfait, mais un immense pas en avant pour quiconque souhaite sortir du tabac.